samedi 13 février 2010

Les montois seraient-ils des français ?


Le singe du grand garde se levant

Mons 2015 en ligne de mire.

On est en droit de se le demander…

En effet, un maire élégant qui représente une partie de la population qui n’est plus en marge comme pouvaient le faire entendre, dans le passé, certains idéalismes catholiques, vieux de cents ans et qui disparaissent… C’est là un profil certes commun et normal de nos sociétés d’aujourd’hui mais la dite caractéristique présentée comme presque publique est plutôt rare malgré tout, ce qui fait de Mons l’égale de Paris, du moins en ces termes-là de bourgmaestrie et d’orientation sexuelle.

C’est la farandole politique et son spectacle avec toutes ses féeries qui font rêver les gens et qui fait que ces mêmes gens, c’est-à-dire nous, faisons créer des héros. Les deux maires, ou plutôt le bourgmestre de l’une et le maire de l’autre, suscitent ces créations d’images presque idéales parce-que nouvelles, tentantes parce-que révolutionnaires en rapport au tamis social historique et donc présent. Le maire est donc une star de la politique et dans son fief, il incarne en chair et en os cette image d’ambassadeur différent à presque tous les autres ambassadeurs en-dehors de la ville.

Il serait donc des nôtres ! S’écrient les citadines et les citadins de la ville. Oui parce-que il est différent, possède un statut à l’encontre des postulats conservateurs qui, quoi qu’on en dise, véhiculent toujours autant d’importance dans la manière de penser des gens. Le Maire et son statut d’homosexuel déclaré et officiel facilite la vie de l’homme politique qu’il est, parce-que ses électeurs et ses admirateurs pensent être plus proche de la vérité parce-que ils ont comme référent et non pas des moindre puisque c’est le maire, une personne à l’orientation sexuelle différente à la majorité, historique de toutes évidences mais désormais et depuis peu illuminée.

Ce serait donc une première idée : que les montois, fiers de leur bourgmestre pour la plupart et surtout et aussi pour Mons 2015 ne feraient jamais que jaser sur le profil bling bling et branché mais aussi et tout autant contestataire de celui-ci ?

Tout cela est-il bien français ?

Ou finalement tout simplement parisien… Paris et ses millions d’images, ses millions d’idées en relation avec elle- même, la ville qui inspirerait autant à tant de gens. Le traitement à son maire serait identique que le traitement que fait Mons à son bourgmestre. Mais dans le cas de Mons, dans une dimension plus petite, c’est-à-dire à la taille de la Belgique, aussi parce-que ce bourgmestre justement est une figure politique nationale, ce que n’est pas et n’a aucunement besoin le maire de Paris.

Le modèle français est donc bien présent non pas dans la simple coïncidence au niveau de l’orientation sexuelle des deux hommes politiques mais plutôt au niveau du traitement de cette particularité bien qu’acceptée, encore une fois et toujours stigmatisée. Et ce texte en est la preuve.

Il n’est pas question de reconnaître cette stigmatisation et d’en faire l’apologie, au contraire, il s’agit de la dénoncer et de la proclamer comme existante et donc comme dangereuse. Mais qu’est-ce que vient faire l’orientation sexuelle de deux hommes dans les réflexions à propos de Mons V. C. E. 2015 ? Rien à priori, quoique…

Posons-nous la question de savoir s’il existe une vie et une culture gaie à Mons, voire à Outsiplou…

À Paris, l’exemple est connu de toutes et tous, le quartier du marais est un quartier qui a été remis en marche et redéveloppé para la communauté gaie parisienne d’une certaine époque et c’est maintenant un des quartiers à la fois des plus chics – classe moyenne et donc touristique, mais aussi élitiste « voulant être »… Et là, l’orientation sexuelle du maire n’est sans doute pas un hasard… Il en est qu’une entreprise ou un projet culturel de longue haleine fut très bien mené par une certaine communauté et que cela a sans doute amélioré la vie de ce quartier grâce à l’effort de cette communauté en particulier.

Sans vouloir aucunement comparer la morue avec le saumon… Je me demande quand même…

Qu’en est-il de Mons ? Serait-il possible et que se passerait-il si un quartier de Mons serait repris en main et remis en marche par la communauté gaie voire par un autre groupe de la société, un groupe d’une autre nationalité et origine nationale que la belge, quelques rues kosovars ou quelques rues rwandaises, un groupe de jeunes punks squateurs, un groupe de consommateurs de marihuana ou encore un groupe d’hommes d’affaire actifs dans le milieu de prostitution qui feraient de quelques rues montoises un petit quartier rose plus actif la nuit que le jour ? Que se passerait-il ?

Mons n’en est-elle pas là ? C’est-à-dire, n’est-elle pas face à ses choix d’orientation culturelle et identitaire ?

Mons n’a-t-elle pas besoin de plus de Luxemburg Straat comme à Gant, de plus d’occupas comme à Barcelone, de plus de galeries d’art et ateliers sur ses trottoirs indépendants ? Mons ne devrait-elle pas devenir le siège international du tournoi de pétanque disputés en parcs publiques ?

Si la culture est incarnée à Mons jusqu’en 2015 et que cela est synonyme de beaucoup d’argent à dépenser, le concept de culture n’est-il pas à repenser ? Ou parle-t-on dans le cadre de Mons 2015 de Culture avec majuscule… et au singulier ?

Si tel serait le cas, si la Culture, majestueuse certes mais tellement seule, viendrait à gagner dans ce combat qui commence… Cela annulerait la magie, l’originalité, la pertinence et la compétence de Mons 2015 et donc de la capacité montoise et à ses expressions culturelles présentées, à apporter à la construction citoyenne et donc humaine dans laquelle nous vivons.

Où encore : Mons est-elle prête à recevoir des milliers de visiteurs de tout le continent et du monde entier, de toutes tendances et originalités, certes attirés par un titre culturel continental mais aussi et d’autant plus curieux, ne s’arrêtant pas qu’au titre et étant critiques sur l’aspect, le fond et le sens des choses, des gens et de notre belle et bonne ville ?

Les deux pensées existent. Les uns pensent « oui à Mons 2015 ! », ils soutiennent et félicitent le bourgmestre pour dans sa carrière politique au sein de sa ville, avoir obtenu le titre de Mons 2015 et considèrent que c’est la chose la plus grande qu’il ait pu faire. Les autres pensent que cela n’est jamais qu’une farce de plus, une poche à euros que certains élus du Bon Dieu Montois pourront toucher, ouvrir, vider et brûler.

Les camps sont là. La guerre existe même en sourdine. Et cela n’est pas une guerre de partis politiques traditionnelle, c’est une guerre d’idées, de postulats entre citoyens, les uns portés par leur bourgmestre et sans doute motivés pas des titres culturels ou pas, des menus 2015 à 20 euros ou des promotions du genre « les choppes à 1 euro pendant 2015 secondes dans les cafés de la Grand Place » ; et les autres qui de toutes façons boiront leurs bières et peut-être que ce seront même des spéciales, se dirigeront plus vers le bas de la ville pour éviter la parade de coqs de la grand – place et de sa fameuse entrée au piétonnier, optant peut-être pour un autre coin de rue ou d’autres petites places dans d’autres quartiers moins concourus de la ville avec d’autres coqs.

Mons 2015, son officialisation et son budget faramineux est le premier coup de semonce du combat, c’est la première lance et le premier jet de crin dans la foule. C’est aussi une salve de carabines de pompiers aux casques d’argent reluisant. D’ici là viendront d’autres coups de queues et d’autres coups de lances, d’autres pistolets enrayés, d’autres vessies lancées au public. D’ici là, la machine Mons 2015, tel le car d’or sur la rampe Sainte-Waudru, montera la pente ardue à l’aide des montois, mais sera aussi ralentie par les forces de la nature et leurs représentants.

En tous les cas, 2015 ne sera pas une année de Mondial ou de Championnat d’Europe, mais je donnerais beaucoup pour assister à la ducasse de cette année-là pour vérifier si notre Ducasse résiste à Mons 2015 ou pour voir si Mons 2015 s’écroulera de fait face aux festivités du doudou qui sont en soi et donc chaque année, la représentation culturelle et donc un brin chaotiques parce-que dynamiques de la ville et de la vie culturelle de Mons.

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PS : La question sérieuse dans toute cette histoire est de savoir si l’on doit accepter une aseptisation de la culture pour consommer de l’édulcoration culturelle ou bien si l’on doit anarchiser, chaotiser et sans cesse détruire et reconstruire la et les culture(s).

À Paris, c’est déjà tout dit, la ville est un musée excepté quelques ilots sauvages.

À Mons ? Réponse en 2015, voire même avant… Dés maintenant…

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Mathieu Flament - flamentmateo@hotmail.com

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