dimanche 14 février 2010

Deux snuls zapothèques bouillonais en Amérique du Sud

Ou les sosies de Chouchoune (supporter de l’Albert) en Amérique du Sud

Il est trois heures de l’après – midi quand soudain mon téléphone portable vibre dans la poche droite de mon pantalon. Décroche et écoute…

« Señor Matiou Flamént ? » Oui, qu’je réponds, c’est moi – même… Et c’est là que commence l’une des plus loufoques petites aventures de ma vie en Equateur : on m’appelle de ce qui correspondrait ici à un commissariat de police, là où les victimes de délits majeurs et mineurs vont déposer leurs plaintes.

On a besoin d’un traducteur : deux « français » qui ne parlent pas espagnol veulent faire une déclaration... Sur le moment ça m’embête un max, j’ai cours dans un quart d’heure et on est en retard sur le programme. Malgré tout, l’idée de me mêler à quelque – chose de nouveau, susceptible de changer mon petit quotidien et de toucher de l’inconnu me fait prendre un taxi… J’entre promptement dans un bâtiment public, du reste bien dissimulé derrière une façade pseudo coloniale et laide, architecte tu pourriras en enfer.

Tout de suite, je suis repéré par un grand flic en uniforme qui me mène au bureau où se trouvent les victimes : Daniel et Patrick, deux belges, l’un la soixantaine, l’autre la quarantaine, grands voyageurs à l’accent ardennais à couper au couteau, amateurs de bière et tout récemment arrivés de Caracas via la Colombie, en bus.

Le petit fonctionnaire de la fiscalité me fait traduire leur déposition : vol de caméscope dans l’hôtel malgré la chambre fermée à double tour.

S’en suivent trois longues demi - heures d’attentes, de pourparlers et autres sourires administratifs révélant la plus grande qualité des équatoriens : la patience. Une jolie secrétaire un peu biesse (bête pour ceux qui ne savent pas) me fait de l’œil, ça me fait bien rire mais au moins elle fait accélérer le processus.

Tout le monde sait, les deux ardennais en premier (après tout « on a fait les cinq continents », disent-ils) que tout cela ne sert pas à grand – chose, le vol s’est passé dans la matinée et la camelote (le caméscope et deux appareils photos jetables) a sans doute déjà sans doute disparu dans les méandres de la revente d’appareils photos et autres matériels volés aux touristes, réseau ultra organisé en Equateur. Mais bon, « on ne sait jamais et puis c’est aussi pour voir si la police fait bien son travail »… Ils ne seraient pas un peu fachos les gars là ?

Quand Patrick, le jeune de environ une quarantaine d’année, cheveux longs, short et sandales de gringo me sort cette phrase, je lui en retourne presqu’une dans sa face de galleux.

Après tout ça, on va en boire une, qui devient vite deux puis trois… Les bouteilles de bière Pilsener en Equateur font 60 centilitres et on en a une chacun à chaque tournée... Ça part vite en couille et on commence à bien rigoler, il est cinq heures de l’après – midi, les deux routards boyards racontent leurs aventures aux quatre coins du monde, et cela, sans aucune trace de grands airs de grands voyageurs.

Daniel qui est retraité de la Poste et qui me narre la frontière grecque à Chypre remplie de casques bleus, le vol ou la perte d’un sac rempli de linge sale au Mozambique, quatre points de sutures dans une voiture de police (front écrasé contre le grillage) à Caracas etc.

Les esprits se détendent, on rigole bien, on parle avec nos accents et nos franchises respectives, ils veulent continuer à boire mais je scerpe (je m’échappe pour ceux qui ne comprennent pas) vite fait bien fait…

Après tout ça et plus sans doute, le strip tease en direct d’Equateur prend sa fin…

Vive le standard, ils en ont sont supporters et j’ai ressenti l’émotion en direct d’un vieux supporter rouche conscient que ça pourrait être l’année du « clup » (club avec l’accent), vive l’Ardenne, brusque, joyeuse et maladroite, vive la Belgique toujours aussi rigolote, les voyages et ces deux gars en short (les seuls de la ville à cette heure) avec leurs partie de cartes et leurs pintes de bière de grand matin « juste histoire de se mettre en route ».

Bien le bonsoir mes gens.

Mathieu Flament – Janvier 2006.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ma photo
ÉTRANGER RÉSIDENT FUMEUR PROFESSEUR ANIMATEUR FOOTBALLEUR MARCHEUR MOQUEUR OBSERVATEUR DORMEUR

Membres